Bonjour Mr Salomon Mbutcho, qu’est-ce qui vous a inspiré à écrire « l’immigration clandestine ou le revers de la médaille » ?

Face au sujet ô combien complexe du sous-développement de l’Afrique, je me suis dit que si les causes des maux sociétaux qui poussent nos jeunesses africaines à l’exil étaient fort bien connues, les mécanismes politico-économiques qui en provoquent le désœuvrement croissant méritaient non seulement d’être identifiés mais aussi d’être analysés sans complaisance et sans formalisme. En réalité, que je le veuille ou non, moi-même suis un enfant de l’immigration de par mon histoire familiale (mon père Timothée MBUTCHO est venu au Sénégal vers 1964 en provenance du Cameroun) et aussi en raison de mon parcours académique et professionnel. Ce sont toutes ces raisons aussi sensibles les unes que les autres qui ont motivées mon aptitude à traiter ce sujet.

A qui « l’immigration clandestine ou le revers de la médaille » s’adresse-t-il en particulier?

Ce livre s’adresse à ceux qui voudraient mieux comprendre les causes de l’émigration africaine, notamment celle de la jeunesse. Il s’adresse à tous les hommes, femmes et enfants, qui songent à s’engager de manière volontaire ou involontaire dans un voyage ou une fuite avec ou sans destination réelle et sans garantie d’y arriver. Il adresse son empathie à tous ceux qui se battent tous les jours pour faire face à leurs challenges, difficultés et réalités. Ce livre se veut un message de compréhension et d’encouragement.

Qu’entendez-vous par « l’immigration clandestine ou le revers de la médaille » ?

Toute chose ayant des conséquences ou étant en elle-même une conséquence, il aurait été raisonnable de s’attendre à ce que tous les protagonistes contenus dans ce livre pèsent leurs actes avant comme après les avoir commis. Et si l’immigration clandestine est la conséquence et un « revers d’une médaille » dans ce livre, chacun sera libre au travers de la lecture d’en imaginer le côté de la médaille par lequel tout aurait commencé. Ce qui est sûr c’est que le revers de la médaille de l’immigration n’est pas finalement à chercher de l’autre côté des océans ou périssent de nombreux candidats au départ, mais plutôt au cœur même de nos sociétés africaines qui pâtissent doublement de l’échec à répondre aux besoins de leur jeunesse. C’est là où j’ai enfouies l’originalité et la subtilité de mon approche.

Quelle est la différence entre « l’immigration clandestine ou le revers de la médaille » et la mort ?

Nos mentaux d’expérimentés et de demi vieux nous permettent de craindre le pire et réduire la quantité de risques qui nous sépare de notre bonheur ou même de notre pain quotidien. Toutefois, être dans l’état d’esprit de ceux à qui on veut s’adresser est capital quand on est écrivain. Et c’est dans cet élan qu’il est important de se poser les bonnes questions comme la suivante : Pourquoi un homme ou femme, jouissant de toutes ses capacités physiques et mentales déciderait de tout abandonner pour prendre des voies si périlleuses. La réponse vous fera comprendre qu’à ce point de leur vie, et à ce moment T, il n’y a pour eux absolument aucune différence entre «l’immigration clandestine ou le revers de la médaille » et la mort. Ils s’assument totalement et se disent alors, advienne que pourra pour eux.

Y a-t-il une leçon à retenir après avoir lu « l’immigration clandestine ou le revers de la médaille » ?

Parce que les êtres humains sont nombreux et différents, leur perception et leur compréhension des choses en seront idoines. A cet égard, je ne peux me permettre d’en déduire une leçon générale, et laisse à chacun après lecture le soin d’apporter sa propre contribution. On dit souvent que les goûts, les couleurs et les choix politiques ne se discutent pas.