Salomon Mbutcho ecrivain et batisseur

Salomon Mbutcho

LENVIE~1
L’envie d’immigrer n’est-elle pas aussi suscitée par la supposée « belle vie » des autres immigrés ? (Extrait du livre « l’immigration clandestine ou le revers de la médaille » de Salomon MBUTCHO)
100- La différence entre l'exode rural et l' immigration
Quelle est la différence entre l’exode rural et l’immigration, extrait du livre « l’immigration clandestine ou le revers de la médaille » de Salomon MBUTCHO
8 – L’immobilier punit aussi bien l’erreur que la faute
L’immobilier punit aussi bien l’erreur que la faute, Extrait de « Le livre seing de l’immobilier », de Salomon MBUTCHO
vegetables
Le café, la carotte et l’œuf de la prison, extrait du livre « le Komiçariat, partie I, la découverte » de Salomon MBUTCHO
6-FACE~1
Facebook existe dans les prisons d’Afrique, extrait du livre « le Komiçariat, partie I, la découverte » de Salomon MBUTCHO

Les promoteurs immobiliers, anges ou démons

Les promoteurs immobiliers, anges ou démons, Salomon Mbutcho s’explique

Chaque métier a ses méthodes. Toutefois, aux grands maux les grands remèdes. Les promoteurs immobiliers burkinabè ambitionnent tous de combattre aux côtés du gouvernement contre le terrorisme, l’exode rural massif, la pauvreté. Ils y nourrissent une abyssale envie, et veulent même déployer des efforts réels pour soutenir la politique de décentralisation, à l’heure où l’obsolescence des textes de l’administration qui régissent leur métier montrent leurs carences et limites tant au niveau national que par comparaison aux dispositions des autres pays d’Afrique subsaharienne. L’heure n’étant ni à la discussion, ni à la séparation et encore moins à la polémique, tous les acteurs sont invités à se concerter.

Cela appelle nécessairement à une réflexion collégiale pour de meilleures solutions, plus compatibles et plus adaptées à notre culture et notre fonctionnement quotidien. Il appelle également à une union sacrée autour du Ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat qui a déjà abattu un travail colossal dans le domaine. C’est tout d’abord sur une réforme des textes régissant le foncier qu’il faudra se pencher, afin d’assouplir et d’accélérer les procédures administratives, et non ce que j’ai l’air de souvent entendre sur plusieurs lèvres fuyantes « on va assainir le secteur ». Pour moi les gens qui parlent de cette manière ont l’air perdu ou sont animés d’autres intentions. Tant qu’une réforme foncière ne sera pas faite, même l’Etat aura des problèmes pour avancer au rythme qu’il veut dans l’exercice de son rôle régalien.

C’est dans ce contexte de panne nationale de logements que les attributs d’Anges ou de Démons sont utilisés pour qualifier les promoteurs immobiliers, considérés comme des héros par certains et la racine de tous les maux pour d’autres. Les détracteurs étant de loin plus nombreux que les admirateurs et connaisseurs du métier, ils les considèrent comme les spéculateurs d’un marché dont ils sont les seuls bénéficiaires et bien d’autres sortes d’accusations.

Selon mon humble analyse, les commis à la production de logements décents et accessibles à tous, communément appelés promoteurs immobiliers restent encore au Burkina Faso, les martyrs d’un système dans lequel ils sont pris en otage entre le marteau et l’enclume. Dans un écosystème où ils sont presque au plus bas niveau de l’échelle des décisions, les promoteurs immobiliers burkinabè, ces intermédiaires officiels, agneaux du sacrifice, parfaits boucs émissaires sont complètement désarmés.  Ils sont flagellés d’une part par les propriétaires terriens, les clients, les financiers, les maîtres d’œuvre (géomètres,  urbanistes, architectes), les entreprises de construction et d’autre part par les lenteurs constatées dans l’administration compétente, les règlements couteux et excessifs, et les allégations de certaines couches de la population.

C’est tellement dommage et en même temps effrayant de voir en ces temps modernes, des pères et mères de familles, intellectuels de surcroit, sachant leur pays en besoin de logements, s’acharner sur les promoteurs immobiliers avec autant de haine et de manque de rationalité au point de dire que la prochaine insurrection viendrait d’eux. Cette manière de voir n’est pas seulement sadique, mais a l’air manipulée.  C’est un manque total de volonté manifeste de voir la vraie nature du métier, et une absence de lucidité, dénonçant clairement des motivations ultérieures.

L’immobilier n’a rien de politique à l’origine, encore moins d’insurrectionnel. Il n’y a et n’aura jamais de lien ni de près ni de loin entre la promotion immobilière et l’envie d’une i… En d’autres termes, aucune insurrection n’a et ne saurait avoir sa place dans l’immobilier car ce sont deux choses complètement antagonistes  de par la déontologie du métier. Je voudrais en appeler aujourd’hui à toutes les consciences, tout en prenant le peuple burkinabé à témoin, exhortant ceux qui, tapis dans l’ombre ont d’autres buts que la paix dans ce pays, à adoucir leurs propos car aujourd’hui, le contexte n’est pas approprié pour l’usage du mot « insurrection » qui relève presque de l’incitation déguisée.

Le seul fait qu’il y’ait plus de deux cents promoteurs immobiliers agréés et seulement une vingtaine en activité effective prouve qu’il y’a un vrai engouement accompagné d’une réelle volonté de construire. Aussi y a-t-il, une ou plusieurs barrières très sérieuses qui empêchent la promotion immobilière de s’épanouir pleinement au Burkina Faso. Ces problèmes varient du simple au plus compliqué, et même jusqu’à l’impossible dans certains cas et j’y reviendrai plus en détails dans une prochaine tribune.

Il est vrai que parfois, certains promoteurs improvisés ont eu à poser des actes peu recommandables, qui ont montré leurs limites dans le domaine. La mauvaise qualité du travail effectué, les retards de livraisons des parcelles viabilisées ou des maisons construites, ou les mauvaises interventions au niveau des populations autochtones, ont fini par accentuer la stigmatisation. Ce genre de promoteurs immobiliers inconscients et insouciants représente une goutte d’eau dans l’océan et constitue l’exception qui confirme la règle de ce noble métier. Et je peux vous assurer que les promoteurs immobiliers du Burkina Faso n’ont aucun pouvoir, ni prérogative leur permettant de faire du mal aux populations délibérément. Le métier voudrait qu’ils soient à la disposition des populations, dans le but d’être un outil puissant à utiliser pour développer leur pays. Ils ne peuvent pas vouloir une chose et son contraire car la déontologie du métier est spécifique et unidirectionnelle.

Un pays, quel qu’il soit, sans promoteurs immobiliers est un pays en route vers une mort économique certaine, n’en déplaisent aux détracteurs. Dans un profond désir d’être sincère et réaliste avec les lecteurs, je me dois de vous confirmer en conclusion que la lucrativité à moyen comme à long terme de l’activité de promotion immobilière lui enlève complètement un quelconque aspect angélique. Ils ne peuvent donc pas se prévaloir d’être des anges.

 

Toutefois, leurs basses positions d’ intermédiaires officiels dans l’écosystème du métier, de par leurs subordinations aux conditions et exigences qui en régissent l’entrée (l’agrément de promoteur immobilier, les délibérations etc…), de par leurs assujettissements à des régularisations par des étapes herculéennes, multi départementales, multi ministérielles, multi corps de métiers (géomètres, urbanistes, architectes, génie civil, financiers), les multi contrôles,  de par leurs assujettissements à des règlements couteux et excessifs, de par leurs subordinations à leurs clients, leurs financiers, et leurs autorités administratives de tutelles, les rendent incapables d’être des démons même s’ils le voulaient. On ne peut donc pas les faire passer pour des démons détenant des pouvoirs qu’ils n’ont même pas en rêve.

Rien ne sert de se cacher derrière son clavier et d’insulter dans tous les forums des réseaux sociaux, ni de chercher des coupables faibles. Les malentendus que subissent les promoteurs immobiliers leur coûtent excessivement cher et a fini par consumer la profession. Il y’a un proverbe sénégalais qui dit : « si tout le monde te crache dessus, tu finiras mouillé ». En d’autres termes, à force de stigmatiser, traiter les promoteurs immobiliers de pilleurs de terres, d’escrocs, et autres insultes, la majorité des personnes commence petit à petit à le croire. Et même si ce que l’homme fait est défait par l’homme, il est en réalité beaucoup plus facile de détruire que de reconstruire.

Lorsqu’un Etat, quel qu’il soit, compte sur un corps professionnel doté d’une capacité financière assez large de par les exigences de son métier, et a des attentes assez importantes de ce dernier, il y’a de simples dispositions courageuses à prendre afin de rebâtir l’image du cheval qu’on veut monter. Pour redorer le blason de l’immobilier au Burkina Faso, il s’agit tout d’abord de le dépolitiser totalement (surtout  les OSC), le vulgariser, apprendre à comprendre ce qu’est réellement un promoteur immobilier, ses prérogatives dans le domaine foncier et son rôle dans la société. Tels pourraient être les premiers pas vers une compréhension, voire un futur apprentissage dans ce domaine si peu développé en Afrique.  La concurrence étant excellente, très saine et garante de meilleures résultats pour les consommateurs burkinabè, ce domaine a besoin de beaucoup plus de bras qu’il n’y en a à cette heure-ci, quel que soit le pays d’Afrique subsaharienne. Les promoteurs immobiliers ne sont ni des anges, ni des démons, mais de simples travailleurs désirant servir leur peuple et gagner leurs vies dignement, comme tout administrateur ou tout commerçant de ce pays.

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires